NOBRA (usa/all.)

voix et ordinateur

Depuis plusieurs années, l’identité transgenre – terminologie traduisant chez une personne la revendication d’une appartenance partagée aux deux sexes, sans considération d’un état-civil de naissance dont il refuse l’arbitraire binaire – affirme notamment sa démarche vindicative dans des cultures alternatives, toujours propice aux positionnements singuliers. Ouvertes sur le brassage des publics, sur le mélange des styles et des matières sonores, les musiques post-punk, new wave et électroniques ont largement contribué à apporter une aura à des artistes militants dont la finesse expressive méritait d’être mise en avant. C’est dans cette idée que la Cité de la Musique accueillera les 25 et 26 novembre les performances live de No Bra/Susanne Oberbeck, du CindyTalk de Gordon Sharpe et de Terre Thaemlitz, trois activistes/performers aux contours aussi plastiquement androgynes qu’artistiquement tourmentés.

Dans un rai de lumière, l’apparition de Susanne Oberbeck, la poitrine exposée, pourvue d’une incroyablement longue chevelure et d’une moustache intrigue. À la vanité du monde, elle répond d’une voix morne, par un constat d’ennui et de vide, exprimé dans un dépouillement extrême et des dialogues fictifs absurdes. Elle lui oppose alors une autre vacuité : No Bra, figure ambivalente dépassionnée au timbre de baryton.
Être tout à la fois ou ne pas être, la jeune new-yorkaise d’origine allemande No bra oscille d’un sexe à l’autre pour échapper aux carcans de genre et aux émotions spectaculaires. Avec un phrasé approximatif, impassible, elle énonce des mots obscènes sur des boucles rythmiques appuyées, captant les regards.
Bien que bénéficiant d’un véritable crédit musical dans son crédo électro-pop-punk fractal (elle a ainsi déjà collaboré avec Kim Gordon de Sonic Youth, Peaches ou les Chicks on Speed), Susanne Oberbeck a surtout fait de son projet No Bra une tribune scénique provocatrice où l’humour tient une place essentielle.
Elle a réalisé un album (Dance and Walk), plusieurs singles et est apparue sur de nombreuses compilations (dont la fameuse Girl Monster des Chicks on Speed, avec Björk, Peaches, etc…). Elle a collaboré avec le groupe The Raincoats et influencé le travail d’artistes visuels comme Christophe Chemin, Brian Kenny ou le photographe Wolfgang Tillmans. La vidéo de son dernier single, Minger, a été réalisé par Matthew Stone et Susanne Oberbeck elle-même.

www.myspace.com/nnobra