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IN PROGRESS


MYSTÈRES DE L’EST - 2ème partie

République Tchèque - Europe centrale

Dans le contexte difficile de réformes structurelles en République Tchèque, les musiques expérimentales se cherchent. Quelques organisations et collaborations se créent timidement dans les marges des scènes populaires établies (metal/core/punk ou jazz/rock/folk), Technicien dans une usine de chimie, RadeK.K de NPMLD reside à Most avec sa famille. Dans cette région de 100 000 habitants, aucun disquaire indépendant n’existe. Il démarre alors le label / distributeur d’éditions limitées Napalmed pour soutenir son groupe industriel/noise. « C’est une nécessité d’auto-produire nos disques, de les vendre et de les échanger avec les artistes du monde entier…le système est DIY (do it yourself), nous ne bénéficions d’aucune aide institutionnelle ou autre. » Face au marché, il essaie de maintenir les prix des disques abordables [« CD underground 250Kc (8Euros), CD commercial 500-700Kc (15-20Euro) »] avant d’ajouter « tout paraît normal, jusqu’à réaliser que nos salaires mensuels plafonnent à 8000-15000Kc (230-430 Euros) ! ». Les tarifs des concerts varient de 50-150Kc (2-5Euros) pour les concerts indépendants à 500-5000 Kc (15-150Euro), pour les concerts grand public. Aujourd’hui, il édite des compilations expérimentales de groupes tchèques et slovaques.

Ukraine - ex-Union Soviétique

En Ukraine, le contexte culturel est en chantier et le développement des musiques expérimentales, figé ; distribution inexistante de disques non commerciaux, labels et concerts rares, absence de radios et en conséquence une audience particulièrement fragmentée. Andrey Kiritchenko vient de Kharkov, une ville industrielle près de la Russie. Programmeur web dans une usine d’avions, il conduit avec le musicien Kotra le label Nexsound. Ils organisent des concerts de groupes ukrainiens à Odessa, Kharkov ou Kiev. « Grâce à l’Association des Compositeurs Ukrainiens, nous avons accès à des salles du type théâtre ou musée. Le public est constant de 100 à 150 personnes ». Depuis quelques années, « l’Association soutient prioritairement la musique symphonique tandis que les aides du gouvernement Vidrodzhennya sont attribuées à la musique folklorique. […] Difficile d’être un artiste en Ukraine pour l’instant ; avec le nouveau gouvernement, la situation va peut-être changer… ». La circulation des disques oscille entre disques piratés à 4 euros et imports cinq fois plus chers en raison des taxes d’importation (40%) : « aucun disque officiel de musique expérimentale ne circule. Seules les musiques pop sont distribuées. Peu de magasins vendent le genre de disques que nous produisons. On se débrouille avec la vente par correspondance et en concerts ».

Selon l’histoire culturelle, les aides d’état ou la stabilité économique, l’environnement de ces musiques change d’un pays à l’autre. Comme ailleurs, on doit ses futures évolutions à des groupes d’intérêt, des événements, des alliances, et le soutien des réseaux.

 :: Réseaux et réseautage

Après avoir vécu une longue période d’isolement, l’Europe de l’Est voit, dans ses faces cachées, l’éclosion de liens invisibles. Dans le champ de l’art sonore, ces nouvelles circulations relient une myriade d’îlots atomisés et sont souvent appelées “plates-formes “ d’échanges. Plus encore là-bas, elles marquent la volonté d’ouverture et le besoin de renouvellement du discours critique.
Les “plates-formes “ représentent à la fois l’idée d’indépendance et la notion de communauté : elles participent autant du réseau de la scène indépendante qu’elles s’autoalimentent, en stimulant des collaborations entre les membres. Elles opèrent non seulement sur le plan local mais autour du monde : Kiritchenko participe à façonner la culture alternative de son pays, RadeK produit des disques de groupes compatriotes et Palsecam invite des artistes étrangers en Pologne.
Pour Kiritchenko ces “plates-formes “ désignent aussi « un cercle d’acteurs (musiciens, organisateurs, promoteurs, patrons de labels, journalistes) qui facilite l’accès au public de cette musique, et qui la maintient en vie. Dans ce sens, Nexsound entre dans cette catégorie de plate-forme ».

Les stratégies de réseaux se mettent en oeuvre partout dans le monde et sont caractéristiques d’une musique qui trouve plus facilement des amateurs ailleurs qu’à sa porte. Le phénomène peut trouver une origine dans les années 80 lorsque les musiciens s’échangeaient internationalement des cassettes. Aujourd’hui avec la facilité de duplication et de circulation (cd-r, labels mp3), ces réseaux, produits d’un effort collectif, se transforment. Une économie alternative passant par ses acteurs se met en place.
Collectifs nomades, microlabels, distributeur disquaires ou salles, sont fortement engagés et inscrits dans l’histoire de leur pays. Aujourd’hui, dans un mouvement délibéré vers la scène internationale (utilisation de l’anglais dans la majorité des sites), ils se cherchent un avenir, affranchi du conformisme, de l’immobilisme des institutions et des géographies.
C’est l’occasion de découvrir les « mystères de l’Est » et de soutenir ces pratiques marginales pour qu’elles nous parviennent non plus comme des expressions exotiques mais comme le terreau de nos cultures communes.

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