MUSIQUE ET EXTASE
18 février 2006 - Cité de la Musique, Paris

Dans son ouvrage classique sur la musique et la Transe, Gilbert Rouget propose de considérer la transe et l’extase comme deux états extrêmes et opposés : la transe s’obtient, dit-il, « dans le bruit, l’agitation et la société des autres » tandis que l’extase est atteinte dans le silence, l’immobilité et la solitude. »
Mais entre ces deux pôles, s’étend un continuum d’états intermédiaires ou impurs qui, de Messian à Machaut, d’Arvo Pärt aux chants orthodoxes, de Stockhausen aux chants diphoniques mongols , s’offrent à l’écoute, qu’elle soit recueillie ou participative.

• ÉLÉVATION DE L’ESPRIT PAR LE SON
Auditorium, scène 1

Cette partie interroge la dimension organique du son, sa texture, ses strates, son rythme intérieur et la jouissance qui en découle. Le cœur du sujet débute avec la répétition de séquences, puis explore l’apparente continuité du « drone* » et expérimente les ambiances sonores. Les œuvres ne sont plus soumises à la linéarité d’une musique narrative et visent à une prise de conscience de l’instant : cette expérience mystique et poétique est le moteur pour bon nombre d’artistes.
Les trois concerts invitent à la relation directe et sensuelle au son, au recueillement et à l’immersion totale dans la matière sonore. Une expérience qui peut se révéler hypnotique.

* Le drone est un jeu d’endurance, produit de la répétition et de la résonance. Il révèle des bruits et des mélodies secrets, dérobés derrière les croisements harmoniques. « un son de hauteur constante donné à entendre sur une longue étendue de temps et dont la durée virtuelle ne vise à rien d’autre qu’à l’éternité. » Daniel Caux

Terry Riley (usa) : motifs répétitifs, minimalisme
Il utilise en guise de partition des structures « mises en orbites à l’intérieur de sphères concentriques » et créant dans la durée une musique extatique.

Tony Conrad avec Rhys Chatham (usa) : expérience du son continu (drone) et de la durée, violon amplifié, croisements harmoniques et de fréquences, variations microtonales, sculpture sonore.

William Basinski (usa) notion d’environnement et de profondeur, réverbération et superposition, techno ambient, extase sombre propice aux dérives hallucinatoires, temps atmosphériques

• APPELS AU CORPS
Auditorium, scène 2

Cette partie invite à se pencher sur la nature du processus d’extase. Des transes aux états extatiques, il est un processus physique plus que mental. Prônées par les représentants de la musique minimaliste, la tonalité et la régularité rythmique facilitent la perception et la mémorisation des processus. On accède alors à des états d’extase par l’étourdissement des sens et par la perte de repère. La réitération inlassable de modules enchevêtrés - mélodiques, vocaux, rythmiques - participe de la logique du corps et recherche une réponse exaltée des sens. Sur différents temps et territoires, la techno s’est nourrie, se réinvente et transforme l’héritage des aînés.

Thomas Brinkmann (all) : minimalisme technoïde, dub, rythmiques lancinantes et progressives

Errorsmith (all) : Martèlement de musique industrielle et traitement de rythmes électroniques tranchants, jeu de percussions et synthèse sonore digitale, post techno



Détail de la programmation :

   Terry Riley  
   Tony Conrad  
   William Basinski  
   Thomas Brinkmann  
   Errorsmith